Ce spectacle a été crée au Théâtre des Carmes en Avignon en septembre 2019
et réalisé en partenariat avec la Commune de Saint-Cannat
Marianne est une tragédie. J'imagine cette mise en scène comme une danse macabre de spectres, une farandole carnavalesque que célèbre la Mort. Ce n'est pas un hasard si la pièce s'ouvre sur le dernier jour du carnaval. Je vois dans ce choix de Musset une sorte d'avertissement fait aux spectateurs. C'est carnaval, jour où tout est possible, où les règles n'existent plus, où seules vivent les exceptions. Et alors amusez-vous tant que vous êtes vivants, parce qu'à la fin de la nuit, ombres que vous êtes, vous rentrerez dans vos cercueils.
Le spectacle commence et la montre se met en marche, le compte à rebours démarre implacablement. Les trois jeunes parcourent la même trajectoire destructrice, leur destin se met en mouvement d’entrée de jeu. Octave, Coelio et Marianne, sont l’incarnation de ce qu’était la jeunesse de cette époque, une jeunesse désillusionnée, sans idéal, sans Dieu ni foi, dans un siècle qui ne leur offrait aucune perspective. Les générations de leurs pères et grands-pères ont fait la Révolution, se sont exaltés pour l’Empire, alors qu’eux voient se restaurer la monarchie, accompagnée désormais d’un capitalisme d’affaires des plus immoral.La particularité de cette mise en scène sera l'absence de Marianne.
Deux comédiens interpréterons tous les rôles, sauf un. Celui de Marianne. Voilà le défi de cette mise en scène, jouer Les Caprices de Marianne, sans Marianne. Marianne en tant que corps, sera absente. D'elle, nous entendrons la voix. Seulement une voix. Nous désirons raconter la sensation opprimante de l'absence. Eprouver la nostalgie d'un visage que nous ne connaissons pas. La passion déchirante pour une personne qui n'a pas de visage. Musset lui-même, quand on lui demandait de quelle femme il s'était inspiré pour Marianne, où il l'avait rencontrée, il répondait : « nulle part et partout ; Marianne n'est pas une femme, c'est La femme ». Marianne est donc l'idéal de la femme. Au tant qu'idée, chaque représentation, chaque image, serait décevante donc je préfère suivre cette intuition.
Texte: Alfred de Musset, Aldo Nove, Baudouin de Bodinat
Adaptation et mise en scène : Niccolò Scognamiglio
Assistant mise en scène et création lumières : Francesco Rossini
Jeu : Yann Capron, Niccolò Scognamiglio
Création musicale : Moteka
Voix Off : Amélie Ameglio
Photos : Beatriz Azorin
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